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MURA PERINGA

L'INTERVIEW DU JOURNAL

Originaire de Strasbourg, le groupe Mura Peringa parcourt le grand est depuis 2006 avec ses compositions originales et ses reprises de salsa dura. Cousine de la salsa, cette variante apparue à New York dans les seventies fait la part belle aux instruments. Avant leur passage à bord, nous avons rencontré Adrien, saxophoniste et chanteur, Camille, flûtiste et percussionniste et Paul, également chanteur et joueur de congas pour une interview aussi chaleureuse que leur musique.

Besame Mucho de Consuelo Velasquez est un morceau fondateur pour le groupe, quelle est l’histoire derrière cette reprise ?
Adrien : Il a lancé le tournant vers la composition pour le groupe. Une radio souhaitait que l’on joue un classique, connu de tous. Mais en dehors des aficionados, les standards de la salsa ne sont pas très populaire. On a donc décidé de reprendre ce formidable morceau, à notre manière.
Paul : On a pris beaucoup de plaisir à le faire, en ajoutant ces couleurs salsa : des cuivres puissants et un tempo accéléré.

Sur votre album comme sur votre EP, Aqui Presente, on trouve quelques reprises. Ce travail de reprise est-il fréquent en salsa ?
Camille : Dans les cultures afro-caribéennes, les musiques circulent. Il est courant qu’un artiste s’imprègne voire se réapproprie complètement un morceau. Par exemple, Besame Mucho a été repris par de nombreux artistes : Dalida, Cesaria Evora… La musique perdure grâce à cette pratique.

Vous attachez beaucoup d’importance à la danse, des sueltas s’invitent lors de vos concerts, pouvez-vous nous en dire plus ?
Camille : La salsa est évidemment très liée à la danse. Et en Europe c’est avant tout celle-ci, plus que la musique, qui est populaire. Une suelta est un type de danse cubaine pratiquée de manière collective sur certains morceaux.
Adrien : Quand l’un de nos morceaux le permet, certains des danseurs – et on commence à avoir un vrai petit fan-club à Strasbourg (rires) – montrent les pas à suivre. On serait ravi de retrouver ce type d’ambiance à bord de la Péniche.

Le projet existe depuis 2006, a t’il connu beaucoup de changements depuis ?
Adrien : Il y a eu pas mal d’évolutions, de nouveaux visages, notamment au niveau des soufflants. Mais depuis 2009, la formation est assez stable, il y a un noyau dur de 5 ou 6 personnes qui crée la continuité.
Paul : Adrien est d’ailleurs le seul membre originel du groupe, c’est lui le noyau dur (rires).

Comment compose-t-on à 9 musiciens et musiciennes ?
Paul : C’est évidemment plus complexe à 9 qu’à 3 ou 4. Mais comme a pu le résumer Sebastien : “tout le monde a besoin de tout le monde”, on s’appuie sur les autres, et chacun ajoute sa pierre à l’édifice.
Adrien : On a quand même un noyau de 3 ou 4 personnes, qui va permettre de dévoiler le corps de la musique, avant que les différents instruments viennent s’y greffer. Il y a aussi l’écriture des paroles qui peut servir de point d’ancrage.
Camille : C’est vrai, mais généralement ce sont les idées de ce noyau qui lancent la composition. Souvent, Seb, Paul et Adrien composent puis Fabrice (tromboniste sur scène et également directeur musical du groupe N.D.L.R.) s’occupe des arrangements.

Dans une précédente interview, vous aviez déclaré vouloir faire vivre la salsa à Strasbourg comme vous la vivez vous, avec passion, et en faire un élément important du paysage culturel du Grand Est, qu’en est-il aujourd’hui ?
Adrien : La danse fonctionne très bien, grâce aux dj-sets et aux lives sur ordinateurs ; plusieurs associations et projets super cools fleurissent. Comme on le disait on reconnaît et sympathise avec les danseurs présents à nos concerts (le “fanclub” N.D.L.R.) Mais pour les groupes de musique, surtout à 9, c’est parfois plus compliqué de trouver les conditions pour jouer tout en étant correctement payés.
Paul : On cherche avant tout à s’épanouir, en jouant ce que l’on aime, que ce soit la salsa dura très seventies de nos débuts ou des musiques bien plus funky. Nos compos vont vers les fusions de styles, et reflètent nos influences. Alors on peut retrouver des touches de funk, de jazz, de cumbia, ou de reggae dans nos morceaux.

Votre groupe porte le nom d’une essence d’arbre d’Amérique du Nord, y-a-t-il une raison spécifique ?
Camille : (Rires) Au départ il n’y a pas particulièrement de raison. On souhaitait rappeler la consonance latine de la salsa, en donnant un nom chaleureux et évocateur à notre groupe, un nom qui colle à notre musique.
Adrien : Et aujourd’hui, comme pour un arbre, ce nom constitue les racines du groupe, les visages peuvent changer, le groupe reste.

Vous avez aussi la spécificité de jouer tout en blanc sur scène, quelle en est la raison?
Paul : Les habits blancs sont traditionnellement les vêtements des musiciens cubains. Ils ont eux-mêmes hérité de cette coutume de la Santeria, une religion afro-cubaine dans laquelle les pratiquants, appelés santeros, portent du blanc. L’idée était donc la même que pour le nom du groupe : renvoyer aux origines de la musique.
Camille : Mais à l’heure actuelle, on a évolué, comme pour notre musique. On s’émancipe de plus en plus des traditions, pour que le groupe nous corresponde toujours plus. Ainsi on aura toujours une cohérence vestimentaire, mais plus roots et chaleureuse.

Pour finir, un album est-il prévu prochainement ?
Adrien : Absolument, cette fois-ci ce sera uniquement des compositions originales.
Paul : Pour la date, on peut dire 2019, c’est à peu près tout (rires).

http://penichecancale.com/evenement/mura-peringa/